La nuit du 4 août 1789

 

 

 La nuit du 04 août 1789 est un événement fondamental de la Révolution française, puisque, au cours de la séance qui se tenait alors, l’Assemblée constituante a mis fin au système féodal.




Un noble, le Vicomte de Noailles, est monté à la tribune. Devant un auditoire subjugué, il a proposé de proclamer l’égalité de tous devant l’impôt, de supprimer purement et simplement les corvées et autres servitudes personnelles, et de déclarer rachetables les autres droits. Un immense enthousiasme s’est emparé de l’assistance. Les orateurs se sont alors succédés, avançant pêle-mêle de nouvelles propositions : abolition du droit de chasse, de l’esclavage, libération des Noirs, accès de tous aux fonctions publiques …. Quelques membres du clergé ont même demandé la suppression de la dîme. Les députés se sont congratulés en pleurant.

En vérité la nuit du 04 août a été une nuit de dupes : les Nobles momentanément alliés au Tiers-Etat, ont généreusement , abolis les privilèges du Clergé, qui en représailles, a soutenu le Tiers-Etat pour abolir ceux de la Noblesse.

La séance a duré jusqu’à 3 heures du matin.

 

Il n’y a désormais plus eu de sujets en France, car ils sont devenus alors des citoyens. Il n’y a plus eu trois ordres dans la société (le clergé, la noblesse et le tiers état qui représentait la grande majorité des Français), il n’y a plus eu cette sorte de ségrégation entre les deux ordres privilégiés d’un côté, et de l’autre, 96 à 98 % de la population qui était bloquée par ce système inégalitaire.

 

Comment en est on arrivé là ? Comment en est on arrivé à remettre en cause la légitimité de la royauté, mais aussi celles de l’église et de l’aristocratie ?

 

Il y a plusieurs facteurs à cela :

 

-         Depuis la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, s’est développée en France, notamment dans les campagnes, une vague de révoltes appelée la Grande Peur. Dans certaines régions, des paysans s’en prennent aux seigneurs, à leurs biens et à leurs archives, en particulier les terriers qui fixent les droits et les propriétés seigneuriales. La nuit du 04 août est une réponse à cette insurrection. L’Assemblée constituante est en train d’élaborer la future constitution ainsi que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen lorsqu’elle reçoit des récits inquiétants à propos de l’instabilité qui sévit en France. Face à cette crise, deux solutions sont alors envisagées. La première veut réaffirmer les valeurs de la propriété et donc mater la révolte. Cette solution est vite rejetée, car elle n’aurait fait que renforcer l’opposition des paysans au système féodal. La seconde solution envisage d’instaurer un réseau de bureaux de secours, qui permettraient d’aider les plus pauvres. Mais cette solution ne répond pas à l’urgence de la situation.

Les députés  entendent le message transmis par les émeutiers : le pouvoir féodal doit être remis en cause.

Dès le début des Etats Généraux, le Tiers Etat, invite les deux autres ordres à le rejoindre. Il n’existe plus qu’un seul  groupe face au roi, groupe qui se proclame Assemblée Nationale.

Les députés, à l’initiative du vicomte de Noailles, soucieux de mettre fin à l’agitation, décident d’abolir les droits seigneuriaux ; le duc d’Aiguillon dans la foulée propose l’égalité de tous devant l’impôt et le rachat des droits féodaux.

 

-         L’influence des philosophes des Lumières (Voltaire, Rousseau, Diderot, Montesquieu et quelques autres), tous ont semé des idées qui, petit à petit, ont germé dans les esprits, y compris ceux des aristocrates, mais aussi parmi les élites d’une bourgeoisie et enfin, parmi les paysans et les ouvriers, excédés d’être écrasés d’impôts et de charges diverses.

-  des récoltes en 1788 très mauvaises, ce qui entraîne dans différentes provinces de terribles disettes, aggravées par un hiver 1788 – 1789 des plus rigoureux.

 

 - les Etats Généraux du 12 mai 1789, convoqués par Louis XVI sous la pression      conjointe des Parlements et du peuple, sont en eux-même un commencement de révolution dans la mesure où le Tiers Etat exige et obtient autant de représentants que la Noblesse et le Clergé réunis.

 

-         Les cahiers de doléances établis à partir de janvier 1789, pour être présentés par les députés aux Etats Généraux de mai, vont être un des éléments déterminants du processus qui va mener aux décisions du 04 août. Ils sont établis à partir des plus petites unités administratives du royaume : « Sa Majesté a désiré que des extrémités de son royaume et des habitations les moins connues, chacun fût assuré de faire parvenir jusqu’à elle ses vœux et ses réclamations. »

Prenons en exemple quelques doléances propres à un village concernant les pigeons : le château possédait en propre son pigeonnier, une superbe bâtisse pouvant contenir jusqu’à plusieurs centaines de ces volatiles. Bien que ces pigeons s’en prennent tout naturellement aux récoltes, les paysans avaient interdiction formelle de les tuer ou même de les en empêcher ! Des gens se sont retrouvés aux galères ou en exil pour n’avoir pas respecté cette interdiction ! Cette disposition sera abolie par l’article 2.

 

L’histoire a retenu de cette fameuse nuit, cette volonté commune de mettre en pratique les idées généreuses d’Egalité et de Fraternité qu’avaient auparavant développées quelques philosophes. Elle allait inspirer la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789, cette déclaration qui figure dans le préambule de la Constitution de la Vème République.

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